Ahmed Ayed réinvestit l’Atelier 210 avec sa pièce intitulée Alice jusqu’au 28 novembre 2015.
Ce spectacle se tient dans le cadre d’Alice 150. Si elle n’a pas changé fondamentalement depuis l’an dernier, c’est avec une joie immense que j’ai pu assister à nouveau à cette pièce qui ne laisse personne indifférent. Pourquoi? Car comme je l’avais déjà expliqué dans ma critique de l’an dernier, ce spectacle laisse l’imagination et les interprétations personnelles nous guider dans le monde d’Alice. Les émotions varieront en fonction du contexte mais également de notre vécu. Alors que quelqu’un rigole, un autre spectateur peut au contraire avoir la gorge nouée. Alice nous pousse à l’introspection par ses frayeurs et ses questions.
Comment se définit le collectif Illicium?
Le Collectif Illicium est “une cellule artistique qui nage dans les eaux troubles pour explorer les abîmes de notre monde. Nous souhaitons poser des questions, des regards sur la société par métaphores ou non, et amener des réflexions, des sensations. Nous voulons créer en puisant dans la richesse de nos complémentarités. Pour construire des rêves, des cauchemars, des espoirs et mieux détruire les murs qui nous séparent. Ensemble dans l’imaginaire, dans l’ombre ou la lumière, aller à la rencontre de soi, de l’Autre, pour tenter de réveiller les monstres merveilleux qui sommeillent en chacun de nous. Tels les dragons des abysses, cracher les souhaits, désirs brûlants de raviver les flammes bienveillantes au cœur de l’humanité. Et peut-être devenir illicium(s), petites lanternes des profondeurs”.
Nouveautés et inspirations d’Alice en 2015
Au rayon des nouveautés par rapport à l’édition 2014, exit Alicia Frochisse et Gaël Soudron qui sont remplacés respectivement par Anna Galy et David Scarpuzza. Ces derniers apportant également leur pierre à l’édifice et de nouvelles idées. J’ai trouvé le show encore plus dynamique que l’an dernier. Tout est mis en place pour que le spectateur laisse libre cours à son imagination et cela fonctionne toujours aussi bien. La mise en scène suscite des émotions fortes dès le début du spectacle. L’univers proposé est immersif et sans limites. Oppressant par moments, détendant à d’autres. L’ambiance assez sombre est voulue et maîtrisée. On reconnaît là le coup de patte du scénographe Ronald Beurms. Ce projet nous plonge dans un monde souterrain à la recherche de nos propres démons. Soulignons le travail sonore et musical important réalisé pour donner de la profondeur à la trame principale et décupler le ressenti du public.
Le visuel et l’esthétique sont mis à l’honneur par Ahmed Ayed comme à son habitude. Les costumes sont inspirés de photographies comme celles de Joel Peter Witkin, avec par exemple Female King (1997) (image ci-dessous) ou encore Woman Breastfeeding an Eel (1984). On peut également citer d’autres sources comme Robert & Shana Parkeharrisson ou encore Jérôme Bosch.
Les influences Steampunk sont toujours omniprésentes dans cette production. Que ce soit les costumes, les décors ou encore l’ambiance sonore, on se sent toujours à mi-chemin entre un David Lynch et un Terry Gilliam, dans ses œuvres les plus sombres comme Brazil pour n’en citer qu’une.
Sous l’inspiration du collectif Illicium, “Alice nous fait trébucher dans les abysses d’un monde où la folie vient bousculer nos certitudes. Un monde sous-terrain, sombre et suintant. Un monde dans lequel elle se cherche et se perd au rythme de ses transformations, avec pour unique repère des créatures masquées, difformes, aux visages pluriels et aux corps démembrés. Qui est donc Alice ? Et que savons-nous de son pays des merveilles ?”
L’exposition gratuite Wonderwalls
Cette exposition gratuite organisée par le collectif Illicium et l’Atelier 210 réunit neuf artistes venus d’horizons différents. Un bel hommage à l’œuvre de Lewis Carroll pour le 150e anniversaire d’Alice au Pays des Merveilles. N’hésitez pas à y faire un tour avant le spectacle.
Alice
Du 19 au 28 novembre à l’Atelier 210, Chaussée Saint-Pierre 210 à Bruxelles