“The Beat Generation, that was a vision that we had, John Clellon Holmes and I, and Allen Ginsberg in an even wilder way, in the late forties, of a generation of crazy, illuminated hipsters suddenly rising and roaming America, serious, bumming and hitchhiking everywhere, ragged, beatific, beautiful in an ugly graceful new way”
La Beat Generation, décrite ici par l’un de ses plus célèbres représentants Jack Kerouac dans l’article du magazine Esquire “Aftermath : The Philosophy of the Beat Generation” est à l’honneur jusqu’au 3 octobre au centre Pompidou. L’exposition nous entraîne dans un voyage avec ses membres, écrivains, poètes, artistes, de New-York à Paris, en passant par la Californie, le Mexique ou encore Tanger. On démarre avec la rencontre des membres du groupe à New York à la fin des années 1940, illustrée par les nombreuses photographies qu’a prises Allen Ginsberg de ses amis, auxquelles s’ajoutent machines à écrire, tourne-disques et appareils de projection de l’époque. En parallèle à ces expériences est présentée l’œuvre de John Giorno Dial-a-poem composée de téléphones où chacun peut composer le numéro de son choix pour y entendre un poème. L’exposition mêle ainsi œuvres littéraires, sonores, cinématographiques et plastiques, montrant les peintures et dessins de Bob Thompson ou de Jack Kerouac par exemple.
L’œuvre de ce dernier est au centre de cette exposition, où est déroulé le tapuscrit original d’On the Road, rédigé en 1951 sur un rouleau de papier de 36,50 mètres de long. Ce texte écrit dans un rythme continu, scandé toutefois par la frappe sur la machine, rapproche la pratique de l’écriture de la musique jazz associé à la Beat Generation, qu’on peut entendre aussi dans l’exposition.
Jack Kerouac On the Road (tapuscrit original), 1951
On peut aussi y voir les liens entre ces artistes préfigurant la libération culturelle des années 1960 et le développement des mouvements contestataires aux Etats-Unis, comme l’opposition à la guerre du Vietnam. Ils ont également influencé des artistes contemporains, tel Allen Ruppersberg dont l’oeuvre présentée est constituée de 200 affiches colorées reprenant de manière phonétique le poème “Howl” d’Allen Ginsberg, dont on peut entendre l’enregistrement dans la même salle.
Allen Ruppersberg The Singing Posters: Poetry Sound Collage Sculpture Book, 2006
Le voyage continue en Californie où s’épanouit la scène beat entre 1952 et 1965, notamment autour de la célèbre librairie City Lights dans le quartier de North Beach à San Francisco. Descendant plus au sud, vers le Mexique les écrivains et artistes beat vont également expérimenter de nouveaux psychotropes, expérience notamment documenté par Bruce Conner dont est présenté le film Looking for Mushrooms.
L’exposition se termine à Paris où certains écrivains, comme Burroughs ou Ginsberg, séjournent au “Beat Hotel” au tournant des années 1950 et 1960. C’est dans une chambre de celui-ci que Brion Gysin a conçu la Dream Machine, ici reconstituée, composé d’un cylindre muni de fentes tournant autour d’une ampoule allumée, dont les clignotements sont destinées à produire des effets hallucinatoires.
La Beat Generation est ainsi présentée dans une multiplicité d’œuvres et d’expériences, touchant parfois à la cacophonie, mais montrant la diversité et l’énergie de ce mouvement.
ruth weiss, Grant Avenue Street Fair, North Beach, San Francisco, 1959
Le centre Pompidou propose aussi jusqu’au 2 octobre une programmation cinéma sur le même thème, avec des films documentaires ou des réalisations tournées par des artistes beat, permettant de mieux en saisir l’ambiance de l’époque et d’en explorer d’autres facettes.
Passionnée en particulier par l'art, je parcours les expos de Paris et d'ailleurs... Aussi curieuse de culture en général : musiques, lectures et spectacles en tous genres !