Bug est un spectacle qui fait la part belle au silence. Sans parole, la création laisse l’imaginaire trouver sa place et le spectateur ressentir la profondeur de l’esprit et du questionnement.
Seule dans la pénombre, une personne âgée s’éveille après une sieste dans son fauteuil. Se lever est pénible : il faut trouver appui sur le bras du divan, puiser la force et s’élancer. Une fois debout, il faut se mouvoir, à petits pas mesurés et incertains, pour gagner le rebord de la fenêtre. Il pleut. Au travers de tous ces gestes mesurés se retrouve inévitablement notre grand-mère, mémé, mamie ou grand-maman. A la façon de remettre en place les pans du gilet, de serrer des doigts devenus raides, de rire ou encore d’envoyer, d’un seul geste, bouler son interlocuteur, on se dit qu’il a fallu qu’elle les regarde avec amour, Giulia Palermo, les personnes âgées ! Cela donne à son spectacle une coloration tendre et délicate. Bug est une œuvre attentionnée, comme une déclaration d’amour discrète et sincère.
Au crépuscule d’une vie, lorsque le silence s’installe et que ne persistent que les souvenirs, que reste-il de la folie douce de la jeunesse, tapie dans l’ombre ? Que reste-t-il de la palpitation, de la fraîcheur, des désirs de l’âme ? C’est la question que pose Giulia Palermo dans sa mise en scène élégante et singulière. Soutenue par la subtilité de la contrebasse effleurée de Alejandro Aymi, elle se livre à une prestation de marionnettiste impressionnante techniquement, qui, en un rien de temps, entraîne le spectateur au plus profond de lui-même, le pousse à se questionner et à ne pas s’endormir sur ses lauriers.
Bug au Théâtre des Riches Claires jusqu’au 21/01/2017
Concept et création de la marionnette, marionnettiste et interprète : Giulia Palermo
Compositeur et contrebassiste : Alejandro Aymi
Accompagnement à la dramaturgie et à la mise en scène : Sophie Museur
Durée : 1h
1 Comment