Orlando, c’est une vie riche et tumultueuse qui se déroule sur trois siècles. Une vie dont le maître-mot pourrait être le désir. Ce sont des couleurs, des sensations, des odeurs, des bruits, des décors…
Du bruissement d’une forêt bucolique et moussue au vacarme enivrant de l’Orient, de chants tziganes profonds et envoûtants au luxe des soieries de la cour d’Elizabeth Ire d’Angleterre, Guy Cassier et Katelijne Damen nous entraînent à la suite d’Orlando, au travers d’une biographie imaginaire et par moment parodique de cette figure androgyne née au XVIème siècle dans les tréfonds de Londres et disparue en 1928, avec les honneurs du monde littéraire auquel il aspirait appartenir.
Dans cette adaptation théâtrale du roman de Virginia Woolf, Katelijne Damen est seule en scène, dans un décor minimaliste composé de panneaux mobiles au sol et de vidéos – de ces mêmes panneaux – projetées en temps réel autour d’elle sur la scène. L’interprétation de la comédienne est remarquable, tant elle parvient à transcender le genre – difficile – du récit, et à le rendre intensément vivant. Par sa présence scénique et les accents qu’elle prête au récit, elle nous entraîne dans un voyage étonnant, ludique et délicat. Elle donne à voir le beau et à entendre la vie.
En exaltant la psychologie, les sentiments et les relations des personnages, la pièce privilégie le ressenti à l’aventure, et l’on retrouve l’ambiance toute britannique, ouatée et captivante de Raison et Sentiments ou encore d’Orgueil et préjugés. En vogue au début du XXème siècle, la réflexion sur le rapport entre les sexes et le rapport à la création artistique constituent la trame de ce récit, longtemps considéré comme « la plus longue lettre d’amour de l’histoire » dédiée à la poétesse Vita Sackville-West, avec laquelle Virginia Woolf a entretenu une relation amoureuse.
Malgré toutes ces qualités, on pourra toutefois questionner, dans les choix de mise en scène, l’intérêt de la musique baroque, qui, si elle colle aux premières années la vie d’Orlando, sonne plus étrangement lorsqu’on se retrouve dans la Russie du XVIIIème ou en pleine révolution industrielle…
A voir de préférence dans sa langue maternelle, Orlando est une ode à l’esthétisme et à l’épicurisme.
Rétrospective sur Orlando, joué du 11/05 au 14/05/2016 au Théâtre National
Mise en scène et Décor : Guy Cassier
Avec / Adaptation /Costume : Katelijne Damen
Traduction : Gérardine Franken
Tarifs : de 11€ à 20 €
Durée du spectacle : 90’