Dans un joli grand format signé Presses de la cité, en partenariat avec Livraddict (que nous remercions tous deux), nous avons reçu ce roman tout frais d’avril 2011. Nos craintes, nous l’avions annoncé ici, concernaient principalement les dangers de l’écriture féminine américaine qui a vite fait de ressasser les mêmes stéréotypes et lieux communs ou de réutiliser sans cesse le même canevas (ne croyez pas que nous sommes sectaires, c’est d’ores et déjà un phénomène mondial mais les américains en grand précurseurs qu’ils étaient gardent toutefois cette étiquette à l’heure actuelle). Toutefois, deux facteurs calmaient notre inquiétudes : le fait que ce soit un premier roman et l’utilisation d’un thématique originale qui permet généralement de détourner l’attention du lecteur sur la banalité de la toile de fond.
Mélangeant savamment les chapitres touchant à la situation présente de l’héroïne et les chapitres « flash-back » revenant sur l’année qu’elle passa placée chez une femme qui faillit l’adopter (mais forcément ne le fit pas puisqu’on sait d’emblée qu’elle sort de foyer à ses 18 ans, pour sa majorité), Vanessa Diffenbaugh sait comment attirer l’attention du lecteur et le garder accrocher par une intrigue latente et complexe fournie de divers rebondissement bien placés et c’est heureux ! Dans ce cas-ci, l’originalité se trouvait dans l’utilisation du langage victorien des fleurs. Découpé en trois parties au nom effectivement niaiseux de « Les Chardons », « Un cœur qui ignore l’amour » et « Nouveau départ », le roman se laisse pourtant lire comme un bonbon. Voguant entre nourriture et fleurs, entre vignoble et serres, entre ville et cultures et notre corde campagnarde de vieille citadine soudain vibre tellement fort que nous rêvons à de jours meilleurs auprès de nos arbres fruitiers et de notre fier potager. La misanthropie qui sommeille en nous se réveille et voilà que, sans avoir connu les affres de l’abandon, l’orphelinat et les foyers, nous nous sentons, nous aussi, à l’instar de notre chère protagoniste au nom téléphoné de Victoria, pleine de suspicion et de rancœur à l’égard du genre humain.
Grâce à ce talent, peu importe les clichés sur l’adoption, le manque de confiance en soi, la peur paralytique, la rédemption et l’amour familial, le livre s’engloutit comme une bouchée de pain et la lecture passe comme une lettre à la poste.
Quoi qu’il en soit, le langage des fleurs est incontestablement une riche idée et ce livre enthousiasmera sans conteste les amateurs et amatrices ainsi que tous les amis de la nature. Mais il ne faudrait pas pour autant présumer qu’une suite serait souhaitable car, comme pour tout, les plus courtes sont les meilleures et Victoria mérite amplement un peu de repos !
Ainsi, en ce qui concerne sa nouvelle jeune carrière d’écrivain, nous n’avons plus qu’à envoyer des cloches d’Irlande à Miss Diffenbaugh, qui devrait pouvoir, elle plus que tout autre, les interpréter !