Du 13 mars au 12 avril 2014 à 20h30 au Theâtre de la Toison d’or
Auteur : Albert Maizel
Mise en Scène : Alexis Goslain
Avec: Catherine Decrolier, Thomas Demarez, Bruno Georis, Pierre Pigeolet et Martine Willequet
Durée : 1h30 sans entracte
Tarifs : de 10 à 22 euros
Le rideau s’ouvre et nous voilà au cœur de notre célèbre école d’ingénieurs bruxelloise : Solvay. On découvre alors nos deux personnages principaux dans leur bureau. Hervé, directeur de Solvay à l’ambition démesurée et Jacques, professeur de philo atypique et fatigué d’enseigner. Jacques reste fasciné par son ex-femme Caroline, disparue dans la nature vingt ans plus tôt, lui laissant les enfants sur les bras. Ces deux hommes que tout semble opposer à première vue ont pourtant un solide passé en commun. Fleur, la fille de Gérard, est bien décidée à comprendre pourquoi sa mère a disparu et cette fois-ci, elle tient une très bonne piste n’épargnant pas nos deux amis. Et puis, il y a cet étudiant aux origines russes et au papa très influent que Jacques doit favoriser à l’examen sur les conseils d’Hervé ! Un père d’élève influent, ça peut aider pour être réélu président de l’école! Mais qui est exactement le père russe de cet étudiant ? Et où est passée Caroline ces vingt dernières années, épouse chérie de Jacques mais aussi bien connue d’Hervé ? Et qui était donc ce fameux Gilbert Robert ?
Faire rire tout en distillant des références historiques, en voilà une riche idée. Il est par contre dommage qu’elle ne soit pas utilisée davantage pour faire avancer l’histoire. Les liens entre les protagonistes sont assez décousus et on s’y perd un peu, surtout vers la fin de la pièce. Mais dans Trotsy Buisness, les personnages sont tellement bien colorés et justement interprétés que cela ne nous empêche pas de passer un bon moment. Bruno Georis est impeccable en directeur aux dents qui rayent le parquet et nous embarque instantanément avec lui dans sa folie des grandeurs. Pierre Pigeolet est particulièrement brillant dans la deuxième partie de la pièce en vieux révolutionnaire de gauche dépassé par les événements. On citera également la pétillante Catherine Decrolier qui apporte sans conteste du rythme à l’ensemble grâce à son jeu enthousiaste et un Thomas Demarez attendrissant dans ce rôle d’étudiant délaissé par son puissant mafioso de père. Je m’interroge par contre sur l’introduction de passages filmés au sein de la pièce. Etait-ce vraiment nécessaire de nous montrer le film coquin réunissant Hervé, Jacques et Caroline ? Le deuxième passage filmé est par contre plus pertinent et surtout cocasse. Enfin le texte de la pièce est très bien écrit et la mise en scène aurait pu gagner davantage en dynamisme et en sophistication pour le servir encore mieux.
Quelques délicieux moments sont à souligner. Je pense particulièrement à l’examen de l’étudiant par Jacques. C’est un moment savoureux et décalé qui donne une belle dimension aux deux personnages. Les dialogues entre Jacques et Hervé sont très enlevés également.
On notera au passage que l’auteur Albert Maizel est co-fondateur et président de la Toison d’or. Il a lui-même étudié à Solvay dans sa jeunesse.
Plus d’informations sur le site du Théâtre de la Toison d’or .