Cahier d’un retour au pays natal, texte ferment du mouvement dit de la négritude affirme l’égale dignité de tous les humains et de toutes les cultures. La poésie comme arme, comme richesse et foisonnement, pour redonner la parole à tous les opprimés. Enfin, sur scène, le poème magnifique d’Aimé Césaire, texte fondamental symbolisant la fierté et la dignité retrouvées des peuples noirs à travers le monde. Une poésie vivante, riche, luxuriante et tout à la fois précise, tranchante, même quand elle joue à nous surprendre par l’inventivité de sa musique.
Cahier d’un retour au pays natal est marqué du sceau de son impatience d’homme, de sa révolte devant les préjugés et la sottise, devant la violence, celle que subissent non seulement les peuples noirs mais tous les peuples dominés, reniés dans leur humanité. Aimé Césaire a posé pour les générations à venir les jalons d’une nouvelle fraternité toujours à refaire.
Tout est dans le verbe, dans le rythme. L’écriture ensorcelle par sa hardiesse, par son exubérance. Elle est vraie, vivante, humaine, colorée. C’est le texte d’un homme qui se fait prophète de son peuple et témoigne d’un combat. Souffle d’Afrique chargé d’espérance, Etienne Minoungou porte de manière virtuose cette langue incandescente qui a nourri l’imaginaire des peuples en quête d’affranchissement. Dans une mise en scène minimaliste, il incarne de manière viscérale et convaincante un homme qui convoque l’Histoire et ses mémoires pour dire son refus de toute aliénation. L’homme est seul, perdu, exilé dans une grande ville. Il prépare le thé, pour lui, pour les autres… et il se souvient. Il nous parle de l’Afrique, de sa mère lointaine, de ses champs de coton, de son enfance perdu, de la nature, d’un monde qu’il ne comprend pas, qui le rejette. Il raconte, il fraternise… il se met debout.
Un moment de théâtre poignant, à voir au Théâtre de la Place des Martyrs.
Cahier d’un retour au pays natal
Du 24/02/2015 au 04/04/2015 au Théâtre des Martyrs
Tarifs: de 9€ à 16.50€
Durée; 1h
Texte: Aimé Césaire
Interprétation: Etienne Minoungou
Mise en scène: Daniel Scahaise