« Combat de Nègre et de chiens ne parle pas, en tout cas, de l’Afrique et des Noirs – je ne suis pas un auteur africain –, elle ne raconte ni le néocolonialisme ni la question raciale. Elle n’émet certainement aucun avis. Elle parle simplement d’un lieu du monde. »
C’est en ces termes que Bernard-Marie Koltès décrivait sa pièce en 1983 dans Europe. Un lieu du monde donc, un coin de brousse isolé où trois êtres humains – Horn, le chef de chantier, Cal, l’ingénieur, et Leone, femme de chambre parisienne venue pour se marier – se livrent à un drame bourgeois à huis clos, entourés de barbelés et de gardiens noirs armés, écrasés par la lourdeur humide du ciel et la luxuriance de la flore.
Noyés par leur crainte de l’extérieur et leur solitude dans cet environnement étranger, les actions, les inquiétudes de ce microcosme européen sont mises en exergue. Et lorsque surgit Alboury, venu réclamer le corps de son frère victime d’un « accident » de chantier, le frêle équilibre du monde des Blancs se brise, accablé par les mensonges, la culpabilité et la mauvaise conscience.
Combat de Nègre et de chiens mêle des enjeux intimes, politiques et spirituels pour mieux étudier l’être humain, le drame de la solitude et de la mort. Sur une scène travaillée qui transcrit à merveille la touffeur de l’Afrique profonde, continent mystérieux et fantasmé, les quatre acteurs sont impeccablement en place. Exactitude des attitudes et énergie débordante, l’interprétation nous guide pendant deux heures dans cette tragédie africaine, fenêtre ouverte sur un petit bout de nulle part, et pourtant métaphore de la vie.
Combat de nègre et de chiens
Jusqu’au 10/10/2016 au Théâtre des Martyrs
Mise en scène : Thibaut Wenger
Avec : François Ebouele, Thierry Hellin, Fabien Magry, Berdine Nusselder
Scénographie : Arnaud Verley
Tarifs : de 11€ à 19€
Durée du spectacle : 2h00