Emmi et Leo, en discutant innocemment, abordent rapidement la sphère privée tout en gardant de grands mystères qui les amusent : ils s’intriguent volontairement. Et de là, naît un rapport de séduction qui ne cessera plus de croître. Quel âge ont-ils, à quoi ressemblent-ils ? Ces questions vont les obséder pendant plus d’un an sans vraiment garder toujours l’importance qu’ils leur donnent. Mais l’humour d’Emmi et le cynisme de Leo donnent à leurs échanges une drôlerie qui se teinte de tendresse lorsqu’ils en viennent à s’oublier, se laissant aller à ce besoin d’aimer, de plaire, d’être compris, de se découvrir à tâtons. Un attachement étrange et douillet se dégage, puis l’on commence à se manquer alors on s’écrit et viennent ensuite les premiers picotements de jalousie à moitié dissimulée. Rien ne semble jamais illégitime. Dans leur cyber-cocon, le culot d’Emmi se mêle à la douceur de Leo. Le mélange les incite au défi pendant qu’ils s’apprennent énormément mutuellement, sur eux-mêmes, sur les rapports humains et amoureux, sur la vie de famille, sur la vie. Une vie où rien n’est jamais parfait, ni avant ni après une rencontre qui change tout.
Si la problématique de départ est simple, on retrouve très vite les rouages complexes des rapports de séduction, les limites implicites, l’ironie que permet la complicité nouvelle… Lorsque les mails « innocents » deviennent des échanges indispensables, dont l’importance est avouée, les rapports se compliquent, si l’on peut dire. De l’extérieur, le lecteur se rend compte que la seule chose qui les empêche de tomber dans les bras l’un de l’autre, c’est le mariage d’Emmi. Alors en dépit de tout, ils continuent à s’envoyer des mails, à attendre les réponses, ils se peinent, se plaisent, se blessent, s’emportent. Mais comment ne pas succomber au charme envoûtant de Leo… ?!
Ce roman est un dialogue emprunt d’une belle et fragile sincérité, où chacun a trouvé dans l’autre quelqu’un qui l’accepte comme il est, quelqu’un avec qui être soi-même.