Ce 21 mai, 19h55, je passe pour la première fois les portes du Théâtre de la vie. Un petit espace de restauration chaleureux, la scène et ses places assises en pente sont empreintes d’une atmosphère particulière. Le lieu me plaît. Je prends au passage un petit dossier à l’entrée où ces quelques phrases à propos de la pièce que je m’apprête à découvrir attirent mon attention : «…Il n’y a pas toutes les histoires que l’on peut raconter mais presque tout ce qui constitue une histoire…»
Je rentre m’installer. Les comédiens Philippe Rasse et Simon Gautiez, déjà sur scène, ne nous ont pas attendus pour habiter leurs personnages. Nous n’assisterons pas au début de quelque chose mais bien à la suite de la relation bien entamée entre ces deux hommes. Des bouts de vie, des témoignages d’amour, des émotions fortes et brutes. On prend tout ça en pleine figure. Impossible de rester indifférent parce que c’est intense, à l’image de ces deux soeurs qui se battent à mains nues. Impossible de rester indifférent parce que c’est bien joué aussi.
D’ordinaire remué raconte les relations humaines dans toute leur ambiguïté, dans tout ce qu’elles ont de complexe et d’irrationnel. Comme ces deux sœurs et leur rapport amour/haine qu’elles semblent traîner depuis toujours. Ou ces deux amis qui se tiennent compagnie sans véritablement s’accompagner. D’ordinaire remué me renvoie à une réflexion qui me taraude depuis longtemps finalement: qui s’intéresse vraiment à qui nous sommes ? A nos goûts, à nos manies et nos habitudes, à ce qu’on aime, ce qu’on déteste et ce qu’on regrette ? Dans la vie, on s’aime parfois sans se comprendre. On s’écoute sans forcément s’entendre. Pour moi, la pièce tente de replacer l’humain dans toute sa singularité.
J’ai trouvé la façon dont les comédiens occupaient l’espace très intéressante. Visuellement, c’est esthétique. Les comédiens sont très justes. Quentin Simon m’a particulièrement touchée par son charisme et sa justesse dans le jeu. Les moments d’échange entre lui et Pierange Buondelmonte sont envoûtants. Mon bémol sera pour les chants acapella. D’abord pourquoi en anglais ? Si l’émotion nous gagne vite grâce aux dialogues, les chants remettent selon moi une distance entre les histoires et les spectateurs. Les quelques morceaux en français (entre autres celui entre Quentin et Pierange) m’ont davantage emportée. Mais la plupart du temps, je n’ai pas trouvé qu’ils apportaient ou ajoutaient quelque chose au sens de cette création.
Je sors en tout cas avec l’impression que le temps est passé très vite. Je suis ravie d’avoir découvert cette création et souhaite à la compagnie “Les Orgues”, troupe à la personnalité indéniablement forte, une longue vie sur les planches!
D’ordinaire remué
Du 20 au 31 mai à 20h00 au Théâtre de la vie
Mise en scène : Pierre Verplancken
Assistant et draturge : Guillaume Toussaint Fromentin
Avec: Philippe Rasse, Quentin Simon, Simon Gautiez, Julie Leyder, Pierange Buondelmonte, Janie Follet
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